jeudi 22 janvier 2015

Les monnaies alternatives


Au Brésil, les favelas créent leurs propres banques

Par manque d'activité dans les favelas, les habitants dépensent leurs maigres revenus à l'extérieur des quartiers, ce qui crée un déficit d'activité au sein des favelas... Ainsi, les favelas sont des quartiers pauvres à cause... du manque d'activité : la pauvreté engendre la pauvreté.

Pour éviter cette "fuite des capitaux", en 1998, les habitants du quartier Conjunto Palmeiras de Fortaleza, au Brésil, ont créé leur propre banque, qui émet sa propre monnaie, uniquement valable dans le quartier. La banque convertit ainsi des réals en palmas, et les "injecte" dans le circuit local en délivrant des micro-crédits.
La consommation au sein du quartier est démultipliée, au profit de l'investissement et de l'activité, donc de l'emploi, court-circuitant ainsi la "fuite des capitaux".


La banque appartient aux habitants de Palmeiras, qui se réunissent une fois par semaine et qui décident des orientations concernant l'attribution des prêts pour les investissements, selon les besoins de la favela.
Les critères de développement de l'activité ne sont donc pas uniquement économiques. L'activité de la banque est ainsi liée à la vie du quartier. Et ça marche : 93 % des achats des ménages sont aujourd'hui effectués à l'intérieur de Palmeiras, et 1 800 emplois ont été créés.

Le succès de l'expérimentation de cette favela est tel que quinze ans après sa création, la Banque Palmas est devenue une institution au Brésil.
Sur son modèle, 70 banques communautaires ont été créées, avec le soutien des pouvoirs publics. Le modèle a également essaimé dans d'autres pays d'Amérique latine.


Article paru dans L'âge de faire n°87 (juin 2014)

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